Le problème de la vie, c'est qu'on a conscience du temps.
On diffère le jour de la nuit
On se repère par rapport à un moment
On devient addictif d'une heure, l'homme se fait posséder par son propre temps
Il sait pourtant l'heure, l'outil technologique qu'est la montre lui permet constamment de la savoir, mais il n'a jamais le temps
Il prend le pli, il prend trop d'habitudes.
Moi, c'est Anubis, je suis un dieu, et le temps j'en ai que faire.
Mon repère c'est les morts. Je sais tout sur eux, notamment leur heure de fin de vie, mais si elle veut vraiment se finir, il faut que je fasse mon travail.
Il est simple, j'accompagne les morts dans l'au-delà, notamment les hommes.
La vie est étrange, je suis considéré comme un Dieu, protecteur des défunts.
On peut croire qu'une fois qu'on est mort tout s'arrête, mais non, et moi je suis là pour les protéger.
Pourtant, il m'arrive d'en tuer. Mais pas n'importe lesquels, ceux dont le temps n'existe plus, ceux dont la vie n'a plus de signification.
Si l'on m'a offert un corps d'homme, c'est pour les protéger
Mais si l'on m'a offert une tête chacal, c'est pour dévorer leur âme.
Lorsque j'ai une proie, elle ne peut m'échapper, je deviens elle, chaque fait, chaque geste, je connais tout d'elle.
Et quand le moment se présente j'agis, je deviens le plus féroce, le plus craint.
Je commence à lire la peur dans ses yeux, des gouttes coulent de son front, les palpitations cardiaques augmentent, les pupilles se dilatent.
L'homme se complait à faire souffrir autrui, je me complais à le maudire.
Mais ce n'est qu'illusion, lorsqu'il commence à prendre conscience de ce qui va lui arriver, il est trop tard.
De la plus grande des discrétions, ma présence se fait de plus en plus ressentir.
Et lorsque la haine acculée par tout être se décharge en moi, sa mort n'est plus qu'une question temps.
Ca peut vous paraître immoral, mais j'aime ça, et celui là, j'y ai pris mon pied.
Quand on prend une habitude, un train train quotidien, on s'expose à un risque, on ne peut savoir à quoi s'attendre, son risque c'était moi.
Je guette, j'attends qu'il se pose, qu'il s'évade le temps de quelques secondes et il peut déjà sentir mes dents lacérer son cou.
J'aime ça, à chaque mort, je grandi un peu plus, je meurtris un peu plus.
Je prends mon temps, je commence à le voir agoniser, mes ongles d'humain se transforment petit à petit en de véritables armes à tuer, et délicatement, son corps rampant sur le sol dur et froid, mes griffes découpent délicatement sa peau, dure et froide.
Le sang coule, la route baigne de sang, ses pulsions ralentissent, les miennes augmentent et en redemandent...
Je suis anubis, le dieu de la mort, je suis né pour tuer.
Ah, et le pauvre mortel, il a réussi à trouver la bonne voie, ce fut douloureux, mais il y est arrivé.